Petites Soeurs de l'Evangile en Haïti

Les Petites Soeurs de l'Evangile en Haïti nous donnent quelques nouvelles, à l'occasion de leur congé, été 2010

                                                                       Bien chers Amis,
Avant de retrouver mes Sœurs en Haïti, je vous rejoins pour vous donner quelques nouvelles. Durant ces dix semaines de congé, les quelques rencontres qui ont pu se réaliser avec plusieurs d’entre vous, avec divers groupes, en particulier paroisses, aumôneries ou mouvements, m’ont donné beaucoup de courage et de joie pour continuer la Mission. Visiter ma famille, entendre les uns et les autres, revoir les visages de mes sœurs, connaître leur insertion ici en France, m’a permis de m’ouvrir à d’autres réalités sociales et ecclésiales. La Vie est bien là, complexe, souvent éprouvante, étonnante aussi. Se détendre, seule ou à plusieurs, contempler de beaux paysages, échanger, sentir l’air frais, marcher sans méfiance, ne pas être regardée constamment comme celle qui a des pouvoirs, sinon des solutions, fait du bien ! Se rappeler que moi aussi, je cherche, je peux me tromper, je suis vulnérable et en chemin vers plus de liberté, de cohérence et de simplicité, soulage ! Des réajustements se font naturellement et c’est bon.            
Vous avez une fois de plus manifesté votre générosité, vous avez motivé d’autres personnes autour de vous, parce que la terre tremblait à Port-au-Prince et dans sa région, provoquant d’immenses douleurs au cœur de la population. Ces quelques lignes voudraient vous dire combien ma Congrégation et très particulièrement, mes sœurs d’Haïti, les familles du quartier, le personnel et les élèves de l’école, vous sont très reconnaissants pour cette mobilisation solidaire et efficace. D’Italie, d’Allemagne, de Suisse, de Belgique, de France et d’ailleurs, nous, Petites Sœurs de L’Evangile, avons reçu ainsi un vif encouragement pour redonner espoir à ceux et celles qui commencent à douter de leur dignité d’enfant de Dieu et de leur Nation. « Trop c’est trop », même si l’espérance et la foi en un Dieu bon sont ancrées dans le cœur des Haïtiens, ils ont été extrêmement choqués de cette vie qui s’est brutalement arrêtée pour beaucoup des leurs, le 12 janvier dernier. Il y a eu aussi la révolte devant le silence sur les risques d’une telle catastrophe naturelle, connu des spécialistes en la matière, la peur d’être abandonnés par ce « Bondye », le désespoir devant la perte d’un bien chèrement acquis (une habitation, un atelier, du matériel,…), la peur de ne plus avoir assez de forces pour recommencer la lutte quotidienne...Devant les tonnes de gravas amoncelés dans la ville, devant l’ évidence cruelle que les corps de gens aimés ne seront jamais retrouvés, morts en l’absence d’un parent exprimant à leurs côtés une parole d’adieu, un cri de douleur, les Haïtiens ont été violentés dans leur tradition religieuse.    Alors, face à ces gens inconnus qui étaient en train de s’organiser pour les soutenir, ils se sont sentis plus forts et ont retrouvé des raisons de se remettre debout. Beaucoup se sont découverts heureux d’aider les autres avec des capacités insoupçonnées !
Les problèmes majeurs restent la coordination entre institutions nationales et ONG(ne pas mettre en concurrence structures en place et ONG), entre l’ONU et les ONG, le discernement entre actions d’urgence et celles à  long terme , la gestion des distributions alimentaires, la fiabilité des terrains par rapport au danger sismique (où reconstruire ?-plus d’1 million vivent en plein air ou dans des camps de sinistrés), les retrouvailles des familles pour environ 100.000 enfants, l’intégration des haïtiens eux-mêmes dans tous ces programmes (ex. :un appel de l’Etat a été fait en direction des cadres haïtiens travaillant à l’étranger pour qu’ils viennent donner un temps pour former leurs compatriotes),…Et l’économie ? Va-t-elle évoluer «  en fonction des intérêts et des besoins du peuple haïtien et non pas à ceux de l’élite interne… » ?   Il faut croire qu’entre eux tous, un dépassement jaillira au-delà de toutes les frustrations et injustices afin que le peuple s’unisse et puisse sourire à nouveau en regardant son drapeau, en chantant l’hymne national et, bientôt, en se rendant aux urnes le 28 novembre prochain (élection présidentielle).                      
1_Haitioct2010 1_Haitioct2010   Les enfants de l’école la Fraternité, eux, se sont déjà rendus dans leur classe ! Mes sœurs restées à la fraternité, aidées par deux autres sœurs venues nous donner un coup de main, ont assumé cette rentrée avec la Directrice et tout le personnel. Nous sommes en train d’avancer vers un nouveau projet dans le quartier, toujours orienté vers la jeunesse mais en-dehors du cadre strictement scolaire. C’est grâce à vous et à de nouveaux collaborateurs que nous nous lançons dans cette nouvelle proposition.         

 

MERCI, pour votre amitié, votre intérêt pour la vie de la Fraternité et celle de nos voisins, pour votre prière. Je voudrais terminer en vous disant que nous nous confions à Celui qui a choisi l’humanité comme demeure pour se révéler. Il se manifeste comme « brise légère » ou « feu dévorant », parfois « eau vive », insaisissable.          « Restons sur la brèche », au cœur de notre monde, le Maître peut nous surprendre et nous pousser du côté de la Confiance !

Article publié par un cadeau pour lui • Publié le Lundi 22 novembre 2010 - 13h15 • 4875 visites

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